Aujourd'hui, All Finswimming vous propose l'interview d'une nouvelle figure de la NAP française, à savoir Clément Becq. Nageur classique de formation. Cet étudiant en master de management du sport agé de 23 ans est dèjà vice-champion, champion et recordman de France alors qu'il n'a participé qu'à deux compétitions de NAP. Cela a toutefois été suffisant pour intégrer l'équipe de France qui se déplacera aux Jeux CMAS 2013 à Kazan. En attendant cette compétition, All Finswimming est allé à sa rencontre, dont nous vous proposons le contenu:
All Finswimming: Bonjour Clément. Tu as fais une entrée très remarquée dans le monde de la NAP lors des derniers championnats de France de Montluçon avec notamment 3 médailles sur les épreuves bi-palmes, un titre et un record de France. Toutefois, peu de personnes te connaissent. Du coup peux-tu te présenter, nous dire qui tu es et nous parler de ton parcours FFN?
Clément Becq: Bonjour Cyril. Comme tu l'as dit je viens de la fédération française de natation. J'ai appris à nager à l'age de 6 ans au sein du club des Dauphins de Créteil avec qui j'ai évolué jusqu'à l'age de 16 ans ou j'ai intégré le pôle France de l'INSEP. J'y suis resté 3 ans avant de passer une année au pôle de Font Romeu dans les Pyrénées. En septembre 2010 je suis revenu près de mes proches en me licenciant à Massy.
AF: Et jusqu'à quel niveau t'a amené cette carrière en natation sportive?
CB: A 14 ans je me suis démarqué en battant les meilleures performances Françaises du 50 et 100 dos lors des championnats de France minimes. Cette dernière perf' tient toujours et j'en suis fier. J'ai ensuite remporté 17 médailles aux championnats de France minimes, cadets et juniors sur 50, 100 et 200 dos dont 4 titres. J'ai été sélectionné en équipe de France jeune puis juniors pour les Championnats du Monde Juniors et d'Europe Juniors où je fus finaliste sur le 200 dos. J'ai également participé à plusieurs finales aux Championnats de France seniors. La dernière en date aux championnats en petit bassin 2013 ou je finis 5ème au 200 dos.
"La NAP c'est des sensations de vitesse et de glisse incroyables"
AF: Un beau palmares! Et maintenant, pourquoi t'essayer à la NAP et comment cela s'est-il passé?
CB: J'ai découvert la nage avec palmes en discutant avec Florian Werbrouck (nageur du PPO, ndlr) avec qui j'ai passé le brevet d'état. En début de saison j'ai participé à une séance avec Hugues Brilhaut et le PPO pour "voir" un peu ce que ça donnait. J'en ai ensuite parlé avec Nolwenn Patrie (nageuse du CSL, recorwoman de France du 50 et 100 bi), passée comme moi de classique à la NAP. Et en avril dernier, au lendemain de championnats de France j'ai cherché un club pour enfin me lancer. David Morin et le CSAKB m'ont accueillit les bras ouverts. Par chance il ne restait qu'une semaine avant le championnat régional, qualificatif pour les France. Juste le temps de prendre ma licence. J'ai découvert mes palmes pendant 30 minutes le samedi matin et le lendemain je nageais à Versailles.
Je me suis posé beaucoup de questions ces derniers mois par rapport à ma carrière sportive. Cela fais 6 ans que j'ai un rythme d'entrainement très élevé et il est très difficile de rester motiver au quotidien. Découvrir ce sport c'est pour moi un second souffle. Je suis bien tomber parce que pour moi nageur, la NAP c'est des sensations de vitesse et de glisse incroyables. Je suis à chaque fois impatient de chausser. C'est un nouveau projet. L'idée de me dire que j'ai des choses à prouver et que j'ai du boulot pour développer de nouvelles capacités est très excitante.
AF: Justement, tu as pu participé à ce championnat Régional pour te qualifier pour les France le mois dernier. Raconte nous un peu ce premier championnats. Quels étaient tes objectifs? Qu'en as-tu pensé?
CB: Première observation : une compète de nap c'est... très très mais alors très long! La minute trente pour mettre le matériel rallonge la journée mais c'est aussi un exercice particulier pour moi. Je ne savais pas comment gérer cette période et c'était un peu stressant juste avant de nager. En terme de sensations, il y a beaucoup de vitesse et cela remettait, pas complétement mais presque, à zéro mes sensations en terme de gestion de la course. J'avais d'ailleurs très peur pour le 200 Bi. Je me suis dis "imagine si au 100 mètres tes jambes te lâchent...". Mais j'étais surtout impatient de voir ce que ça allait donner. Je ne vais pas le cacher au 50 j'avais en tête le record de France car la veille j'avais nagé 20"8 à l'entrainement. Je l'ai fais mais malheureusement il n'y avait pas les chronométrage électronique donc mon temps n'a pas été homologué. L'objectif général était de toute façon de prendre la qualif pour les France et voir ce qu'était une compétition de NAP au moins une fois avant Montluçon.
AF: Et pour Montluçon? Comment la compétition s'est passée pour toi? Quels étaient tes objectifs?
CB: Les Championnats du Monde Kazan! Je suis venu pour me faire plaisir mais je garde quoi qu'il arrive des objectifs élevés. C'est important car je suis compétiteur alors je n'arrive jamais à m'investir sans me mettre une carotte devant le nez.
Venant de la classique, il faut que j'adapte ma technique. Sur le 200 c'est plus facile car c'est une nage plus posée. La difficulté pour moi c'est d'amener cette nage sur le sprint. Sur le 50 et sur le dernier 25 du 100 j'ai complètement déchanté. Je ne savais plus quoi faire de mes bras et mes jambes. Je me suis même de-coordonné au niveau de la respiration. C'était très frustrant car je sais que je peux nager beaucoup plus vite.
AF: Tu as donc rempli cet objectif grace aux minimas sur 100 Bi et 200 Bi. D'ailleurs sur le 200 Bi, tu as même battu le record de France. T'y attendais-tu? Qu'as-tu ressenti à ce moment là?
CB: J'ai beaucoup aimé cette course. Au delà du temps, la physionomie de la course m'a procuré du plaisir parce qu'il y a eu une grosse bagarre avec Alex. On a fait le spectacle et c'est toujours agréable. J'aurais aimé qu'il se qualifie c'est mon seul regret. Après, c'est un record de France donc c'est juste un grand bonheur et beaucoup de fierté. Mais il doit rester anecdotique et être rabaissé à Kazan.
AF: Et qu'as-tu pensé de tes adversaires sur la compétition et du niveau global?
CB: Il y a une grosse différence en terme de densité et de niveau par rapport à la FFN. Ca n'a rien a voir. Ca a été flagrant pour moi. Mais la concurrence est là. Sinon j'aurai fais 3 fois premier ! Ce n'est pas le cas et tant mieux. On progressera plus s'il y a de l'animosité.
"Je dois abaisser le record de France sur 200 mais aussi sur 50 et 100 !"
AF: Et maintenant, à part abaisser ton temps sur 200 à Kazan, quels sont tes objectifs pour les Championnats du Monde de cet été?
CB: Je dois abaisser le record de France sur 200 mais aussi sur 50 et 100 ! C'est obligatoire pour accéder aux finales parce que c'est ça l'objectif. Je ne connais pas mes limites donc on verra mais a priori ca devrait nager aux alentours d'1'38 pour rentrer en finale sur le 200 Bi. David pense que j'en suis capable, moi aussi alors on visera ca.
AF: Et pour la saison prochaine? Vas-tu continuer les deux disciplines de front ou en privilégier une?
CB: Je pense que continuer les deux c'est bien. La classique me permet de nager plus en terme de créneaux et donc de travailler le foncier. A côté je fais des séances en palmes qui me permettent de travailler plus spécifiquement.
AF: Combien d'entrainement par semaine cela va-t-il représenter?
CB: En gros, je suis à 9 fois en classique les semaines optimales quand je peux vraiment aller à toutes les séances et depuis Montluçon je fais deux séances avec David en palmes.
AF: Et penses-tu t'essayer à la monopalme?
CB: Oui.. Je souris parce que j'ai justement essayé hier matin. Quand je commence quelque chose j'aime bien faire les choses à fond. Je n'ai pas envie que l'on dise "il a des facilités en bi parce qu'il vient de la classique". Je veux montrer que je peux faire autre chose et notamment toucher à l'essence même de la nap qui est la mono. Et puis David m'a promit les plus grandes sensations envisageables avec la mono donc je ne peux pas faire autrement que de m'y mettre.
AF: Et alors? Quelles sensations?
CB: C'est incroyable ! Mais encore plus technique. Il y a du boulot avant que je me transforme en sirène.
AF: Ca viendra! Nous arrivons maintenant à la fin de l'interview. Souhaites-tu ajouter quelque chose ou passer un message?
CB: J'aimerai remercier l'ensemble des nageurs et entraineurs que j'ai pu croiser à Montluçon pour leur accueil. Ca fait du bien de rencontrer de nouvelles personnes mais je ne m'attendais pas à autant de convivialité. Et bien sur une mention spéciale à mon club du CSAKB qui m'a intégré comme dans une vraie famille.
AF: Et bien je te remercie à mon tour pour le temps que tu as consacré à All Finswimming. Nous te souhaitons bon courage pour Kazan et espérons que tu auras les résultats espérés. A très bientôt sur les bords de bassins.
CB: Merci et à bientôt !